Les compétences du XXIème siècle
Le numérique, désormais omniprésent dans nos sociétés, implique l’apprentissage de nouvelles compétences. Quelles sont-elles ?
Avec le développement du numérique, présent dans toutes les strates de la société, de nouveaux enjeux voient le jour. Parmi eux, les nouveaux métiers liés à l’informatique, ou ceux qui n’existent pas encore, mais sont à venir.
Pour s’adapter, de nombreux pays interrogent leur système éducatif actuel pour essayer de les accompagner vers les nouvelles exigences liées aux évolutions culturelles, sociétales, éthiques et économiques.
L’Union Européenne insiste déjà sur les besoins futurs de tout citoyen d’acquérir de solides « compétences de base » en lecture, en calcul, en sciences et en technologies. Pour l’institution, ce socle de compétences représente un fondement préalable au développement professionnel, puisqu’il rend possible l’adaptation d’un individu à la transformation des métiers.
Dans le même temps, de grands organismes internationaux tels que l’UNESCO ou encore l’OCDE ont élaboré des référentiels de connaissances et de compétences liées au numérique. En 2013, une étude néerlandaise a analysé huit de ces référentiels pour identifier des points de convergence. Ces derniers ont permis de définir un consensus autour de certaines compétences désignées comme les compétences attendues au XXIè siècle.
Elles sont classées en trois grands domaines :
- la littératie, qui est la capacité de comprendre et de réagir de façon appropriée aux textes écrits ;
- la numéracie, ou la capacité à utiliser des concepts numériques et mathématiques ;
- la résolution de problèmes : la capacité à accéder à des informations dans des environnements numériques, à les interpréter et à les analyser.
Margarida Romero, professeure d’université à l’académie de Nice et spécialiste de ces questions, a tenu une conférence de sensibilisation lors de la journée dédiée aux Territoires numériques éducatifs dans les Bouches-du-Rhône, en avril dernier.
Selon elle, il faut tout d’abord souligner que la pensée critique est essentielle. C’est même l’une des bases fondamentales requise pour évoluer dans le monde numérique, d’autant plus à l’heure de la propagande et des fake news. Dans ce cadre, il faut aussi distinguer les citoyens comme des consommateurs du numérique (usage interactif) ou des citoyens comme co-créateurs numériques (participation à la connaissance). Les engagements créatifs sont donc différents et le numérique et son usage (bon, mauvais ?) dépend donc de la façon dont il est utilisé.
Selon Margarida Romero, les compétences principales autour du numérique aujourd’hui et à l’avenir tournent autour de la résolution des problèmes. « La pensée informatique en elle-même est une forme de résolution de problème à l’aide de méthodes liées à l’informatique », explique-t-elle.
En effet, la résolution de problème n’est pas qu’une question de mathématiques. On la retrouve dans de nombreux domaines professionnels, comme le secteur de la santé, la recherche, ou encore l’économie.
Le développement de parcours pédagogiques avec des outils numériques permet de placer des élèves face à des problèmes et de voir comment ils se débrouillent pour les résoudre.
« Du point de vue de l’apprentissage, on reconnaît l’importance pour les élèves de surmonter un obstacle sans pour autant que la solution ne soit hors d’atteinte », détaille la professeure. « L’erreur peut être productive, notamment chez des gens trop sûrs d’eux. Placer ce type de personnes face à un mur, ça va les pousser à se remettre en question et à s’ouvrir à d’autres solutions, d’autres méthodes pour obtenir un résultat. Cela fonctionne d’autant mieux que dans le numérique, les itérations prévalent. Il faut avancer par petits pas, s’adapter, revenir, s’améliorer, sans chercher à avoir du parfait tout de suite ! ».
Au fil de ses recherches, Margarida Romero s’est rendu compte que face à un problème, les jeunes avaient plus tendance à chercher une solution en groupe que les adultes. De tels exercices, permis notamment grâce aux nouvelles ressources pédagogiques induites par le numérique et des outils pour piloter les appareils mobiles en classe, favorisent l’émergence du travail collaboratif, compétence clé au XXIème siècle.
« En binôme, face à un problème, on observe moins de stress et surtout, la personne n’abandonne pas. La présence de l’autre pousse à persévérer. À deux ou plus, si personne ne comprend un problème, l’individu se dit que c’est normal et ne va pas se sentir bête. Et si dans le groupe quelqu’un sait quelque chose, il va le partager. »
À partir de ce postulat, la professeure des universités demande alors : « Pourquoi un élève irait seul au tableau ? Seul, il est facile de douter de soi-même. Les outils numériques permettent de repenser ce système. »